Jour 57 – 9° jour d’un chemin avec Marie

Quatrième Mystère lumineux : la Transfiguration

Fruit du mystère : la contemplation.

1. Signe de croix

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

2. Silence

(Par ce temps de silence, j’entre dans la contemplation de ce moment majeur de la vie de Jésus : sa Transfiguration. J’essaie de me placer dans le cœur des apôtres : mais qui es-tu, Jésus ?)

3. Évangile

Évangile selon saint Matthieu (17, 1-13)

Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, son frère et il les conduisit à l’écart sur une haute montagne. Il fut transfiguré devant eux. Son visage resplendit comme le soleil et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Et voici, Moïse et Élie leur apparurent, s’entretenant avec lui. Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous soyons ici; si tu le veux, je dresserai ici trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. Comme il parlait encore, une nuée lumineuse les couvrit. Et voici, une voix fit entendre de la nuée ces paroles : celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection : écoutez-le ! Lorsqu’ils entendirent cette voix, les disciples tombèrent sur leur face, et furent saisis d’une grande frayeur. Mais Jésus, s’approchant, les toucha, et dit : Levez-vous, n’ayez pas peur ! Ils levèrent les yeux, et ne virent que Jésus seul.

Commentaire

Six jours après. Le temps de l’Annonce du Royaume, où l’Évangile fut proclamé à toute la création, par Jésus parcourant les villes et les villages. Le sixième jour, il est grand temps pour Dieu de montrer à ces pauvres hommes quel destin de gloire les attend !

À l’écart, sur une haute montagne : Moïse, sur le Sinaï, Élie, sur le Mont-Carmel, Jésus, sur le Thabor. « Recherchez les réalités d’en-haut » dans un cœur à cœur avec le Seigneur. Jacob avait vu une échelle et des anges qui la parcouraient, la montant et la descendant. Nous n’avons pour décrire le … Ciel que nos simples mots de la terre.

Comme le soleil, comme la lumière, Jésus n’est plus le même : il resplendit, on pourra dire après « il fut transfiguré »; le temps n’est plus seulement cette journée d’aujourd’hui : nos prophètes sont là, qui semblent l’avoir aboli. Une nuée lumineuse, une voix… Comment décrire avec nos mots Ce qui, sans se donner de forme, affirme sa Paternité et toute son affection, pour ce Jésus que nous aimons et que nous avons suivi jusqu’ici ? L’expérience est trop forte, elle ne peut que nous terrasser et nous plonger dans le mutisme, face contre terre. C’est après qu’il faudra trouver les mots et on saura leur impuissance.

Saint Jean (1, 1) : Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de vie, – car la vie a été manifestée, et nous l’avons vue et nous lui rendons témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous a été manifestée, -…

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– Quelque temps seulement après cette expérience, Jésus prendra les mêmes, Pierre, Jacques et Jean, pour le suivre à Gethsémani et prendre part à sa descente au gouffre de l’angoisse.

Saint Marc (14, 37-40) : Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre : « Simon, tu dors ! Tu n’as pas eu la force de veiller seulement une heure ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. » De nouveau, il s’éloigna et pria, en répétant les mêmes paroles. Et de nouveau, il vint près des disciples qu’il trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis de sommeil. Et eux ne savaient que lui répondre.

L’esprit est ardent – C’est ce que nos yeux ont vu, c’est ce que nous contemplons – mais notre chair est faible : c’est ce qui, en nous, n’a pas pas terminé de se convertir, de se laisser transfigurer et c’est la grosse partie, celle de l’humanité pécheresse, celle de tous nos écarts, loin de Ta Loi, Seigneur et loin de Ta Montagne.

Leurs yeux sont alourdis : ils sont comme empêchés de voir ce Jésus descendu au gouffre de l’angoisse humaine. Ce n’était pas sur une montagne, il n’y eut pas de flash, rien que Jésus rendu à son humanité; et à la leur, si faible et si changeante.

Et eux ne savaient que répondre. Mutisme, à nouveau, mais cette fois de celui qui ne trouve pas les mots pour décrire sa bassesse. Saint Jean, d’ailleurs, taira cet épisode. Adam, où te caches-tu ? Dans ce Jardin de l’Agonie, Dieu pleure sur l’homme.

– Quelque temps encore, très peu, et le voilà défiguré par la noirceur des hommes, Celui qu’ils avaient vu si beau, transfiguré par la Lumière du Père. L’exaltation des cœurs sur la haute montagne a cédé sa place à celle de la Croix, sur une colline sans âme, dans le silence de Dieu.

Isaïe (53, 1-5) Qui aurait cru ce que nous avons entendu ? Le bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ? Devant lui, le serviteur a poussé comme une plante chétive, une racine dans une terre aride ; il était sans apparence ni beauté qui attire nos regards, son aspect n’avait rien pour nous plaire. Méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face; et nous l’avons méprisé, compté pour rien. En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé. Et nous, nous pensions qu’il était frappé, meurtri par Dieu, humilié. Or, c’est à cause de nos révoltes qu’il a été transpercé, à cause de nos fautes qu’il a été broyé. Le châtiment qui nous donne la paix a pesé sur lui : par ses blessures, nous sommes guéris.

Qui aurait cru ce que nous avons entendu ? Qui aurait cru que ce Jésus défiguré était vraiment le Fils de Dieu, comme nous l’avons entendu dire par cette voix sortie des nuées ?

Le bras puissant du Seigneur, à qui s’est-il révélé ? À nous qui l’avons vu dans l’éclat puissant de sa Gloire et qu’il a voulu fortifier pour ce moment précis où il serait sans apparence.

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Voici le Serviteur !

Voici le serviteur humble et fidèle
L’élu de Dieu.
Écoutons-le, adorons-le, imitons-le,
Jusqu’à l’offrande de notre vie.

Le fil de la contemplation peut s’arrêter ici : Jésus défiguré, son Père l’a ressuscité, le troisième jour. L’humanité, défigurée, resplendira aussi, comme Il nous l’a promis. Et le cosmos, la création, qui gémit tout entière dans les douleurs de l’enfantement, d’un enfantement qui dure… (Rom.8, 22)

Il faudra que nous acceptions de nous laisser couvrir par cette ombre et par cette nuée, prodige de lumière, qui veut tout transformer : l’Esprit de Dieu, véritable soleil, comme le chante cet ancien hymne :

Ô toi, véritable soleil, répands-toi, insinue-toi en nous ! Toi qui brilles d’un éclat éternel, répands en nos cœurs l’aube de ton esprit !

Il faudra que nous acceptions de nous laisser toucher par ce Fils qui s’est fait si proche et qui nous dit : N’ayez pas peur, je descends avec vous, pour vous !

Mais Jésus, s’approchant, les toucha, et dit : Levez-vous, n’ayez pas peur ! Ils levèrent les yeux, et ne virent que Jésus seul. (Mt 17, 13)

Le fruit de ce Mystère, c’est la contemplation. Le fruit de la contemplation, c’est que nous devenons semblable à Lui, Lumière, né de la Lumière. Saint François, le stigmatisé, semble l’avoir bien compris, c’est-à-dire vécu :

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Saint François d’Assise, Prière sur le Mont (!) Alverne.

4. Prions

Marie, tu sembles bien absente de ce pourtant bien grand Mystère. Peut-être parce que tu l’as vécu au jour de l’Annonciation, quand l’Esprit te prit sous son ombre. Ce jour-là, c’est Jésus glorieux qui faisait sa demeure en toi, Marie, comblée de grâce !

Marie, tu restas bien présente aux pieds du Crucifié, ce Fils défiguré, homme de toutes nos douleurs. Puissent nos cœurs devenir, comme le tien, toujours plus sensibles à la réalité de tant de visages défigurés qui aspirent à la transfiguration.

Marie, tu attendis avec les apôtres que vienne l’Esprit consolateur, qui les enverrait proclamer l’Évangile de la Transfiguration. Puissions-nous mieux percevoir la situation réelle de la vie de l’Église aujourd’hui : ses défis, ses espérances, ses craintes et ses joies, et attendre avec toi l’Esprit de la Pentecôte qui viendra la transfigurer.

Je te salue, Marie, pleine de grâces, le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre toutes les femmes et Jésus le fruit de tes entrailles est béni. Sainte Marie, Mère de Dieu, prie pour nous, pauvres pécheurs, maintenant et à l’heure de notre mort. Amen.

5. Notre Père

Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.

Amen.

À demain !

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