Jour 12 : Jésus, compagnon de nos chemins

Depuis quelques jours, j’avais cette pensée que notre prière devait aussi nous tenir en fraternité avec les personnes détenues dans nos prisons meusiennes ou celles qui nous sont proches par la géographie.

La presse nous l’a dit : le climat dans les centres de détention est tendu du fait de la suppression des parloirs et de toutes les activités qui faisaient intervenir des gens de l’extérieur (les aumôneries, par exemple). Le centre de Montmédy vient de recevoir quelques personnes détenues en provenance d’un autre centre où s’était déroulé une mutinerie. Pour le personnel pénitentiaire c’est aussi une période particulièrement délicate.

Je vous propose, pour aujourd’hui, de porter ces personnes dans notre prière afin que là aussi se frayent des chemins d’une humanité qui cherche à être humaine. Il se fait que les deux lectures du jour évoquent des personnes condamnées.

1. Signe de croix

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

2. Silence

(Je me recueille en marquant un temps de silence où je me mets en présence de Dieu qui est Présence.)

3. Chant

APPELÉ À VIVRE EN HOMME LIBRE, LÈVE-TOI, REGARDE EN AVANT.
NE CRAINS PAS, C’EST L’AMOUR QUI DÉLIVRE, AUJOURD’HUI, L’ESPÉRANCE T’ATTEND, L’ESPÉRANCE T’ATTEND.

1
En tes murs, tant de cris, tant de larmes, Tant de bruits sont venus te troubler !
N’aie plus peur, c’est la paix qui désarme : Bienheureux soit ton cœur apaisé !
2
Tant de pleurs ont creusé ton visage, Les tempêtes ont soufflé dans ta nuit.
Mais demain se tairont les orages, Au matin chantera l’éclaircie.
3
Si le Mal te retient dans ses chaînes, Souviens-toi de Jésus le vainqueur.
Son amour brisera toute haine : Reçois-le au secret de ton cœur.
4
N’oublie pas : tu n’es pas anonyme, Et ton Dieu te connaît par ton nom.
Reconnais le grand vent qui t’anime, Quand l’Esprit envahit ta maison.
5
Et bientôt s’ouvrira la fenêtre, Le pardon t’a lancé un appel.
Au lointain l’horizon va renaître, Et pour toi dansera l’arc-en-ciel.
6
Le Seigneur, ton gardien, ton ombrage, T’a porté quand tes pas étaient lourds,
Son soleil guidera ton voyage Toujours là, au départ, au retour.

4. Compagnon de nos chemins, Jésus-Christ

Qu’ils se nomment Kevin ou Michel, Florian ou David, Mathias ou Karl, nous pouvons les retrouver dans ces paroles :

  1. C’est ce qui les a frappés quand ils sont arrivés en prison : les murs, les portes, les bruits de clefs, les cris dans les cursives. Ils ont dû d’abord tenter de trouver la paix à l’intérieur d’eux-mêmes.
  2. Dans ce temps de retrait, c’est leur histoire qui leur remonte en mémoire, les visages de leurs proches, les galères qu’ils ont connues, les orages qui les ont abîmés.
  3. Comment faire pour s’en sortir de ce qui colle à la peau ; culpabilité ; la haine qui prend au ventre ; comment croire que tout cela pourrait changer ; comment même le souhaiter !
  4. Tu n’es pas que ce que tu as fait – tu es Quelqu’un avec un prénom, avec des qualités, avec ton désir au fond de toi. Tu comptes aux yeux de Dieu. L’Esprit veut vivre au fond de Toi.
  5. Ouvre-toi au pardon – abandonne-toi à la miséricorde – écoute Celui qui te dit : « Va et ne pèche plus » – l’horizon peut se lever – toi seul peut le vouloir !
  6. Le Seigneur, ton compagnon de route.

Ce chemin n’est pas seulement celui des personnes détenues, c’est aussi le nôtre, c’est le chemin d’une renaissance à partir de nos fragilités, c’est le chemin d’une résurrection proposée par le Vivant qui marche sur nos routes humaines.

À vous de chanter … si vous connaissez :

Celui qui est venu marcher sur nos routes écrit aussi sur le sol, c’est-à-dire dans la chair de notre histoire – les traces de son compagnonnage. On dit « incarnation » ; on dit aussi « abaissement ».

5. Évangile

Évangile de Jésus-Christ selon Saint Jean (8 / 1 – 11)

01 Quant à Jésus, il s’en alla au mont des Oliviers.

02 Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner.
03 Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu,
04 et disent à Jésus: «Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère.
05 Moïse, dans la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes. Et toi, que dis-tu?»
06 Ils disaient cela pour lui tendre un piège, afin de pouvoir l’accuser.
Mais Jésus se baissa et se mit à écrire avec le doigt sur le sol.
07 Comme ils continuaient à l’interroger, il se redressa et leur dit: « Que celui d’entre vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. »
08 Puis il se baissa de nouveau et se remit à écrire sur le sol.
09 Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu.
10 Alors il se redressa et, ne voyant plus qu’elle, il lui dit : « Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a donc condamnée ? »
11 Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas; va et désormais ne pèche plus. »

Acclamons la Parole de Dieu – Louange à Toi, Seigneur Jésus.

6. Commentaire

Jésus « se mit à enseigner » … et voilà que Scribes et Pharisiens lui amènent une femme … Cet événement impromptu ne vient pas interrompre l’enseignement ; cet événement impromptu, c’est l’enseignement.

Jésus ne fait pas de Dieu une théorie qu’on enseigne et qui pourrait être apprise ; Jésus est la présence d’un Dieu qui agit, qui « met à l’œuvre des énergies nouvelles ». En conséquence, se laisser enseigner par Jésus, c’est accepter d’entrer avec Lui dans le mouvement de la vie à restaurer, à sauver du gâchis de la mort et du péché.

Oui, mais, toutes les vies sont-elles sauvables, Jésus ? Tiens, celle-ci : « flagrant délit d’adultère », est-ce que c’est  sauvable ? Et ce trafiquant de drogue, et ce voleur, et ce criminel, ces vies sont-elles sauvables, Jésus ?

Quelques citations, dont la dernière est tirée de l’Évangile, nous suffiront à comprendre que ce doigt de Dieu évoque son Esprit, sa puissance :

« Et les magiciens dirent à Pharaon : « C’est le doigt de Dieu ! » Le cœur de Pharaon s’endurcit, et il n’écouta point Moïse et Aaron, selon ce que l’Éternel avait dit. »

« Lorsque l’Éternel eut achevé de parler à Moïse sur la montagne de Sinaï, il lui donna les deux tables du témoignage, tables de pierre, écrites du doigt de Dieu. »

« Et l’Éternel me donna les deux tables de pierre écrites du doigt de Dieu, et contenant toutes les paroles que l’Éternel vous avait dites sur la montagne, du milieu du feu, le jour de l’assemblée. »

« Mais, si c’est par le doigt de Dieu que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc venu vers vous. »

Par ce « doigt », c’est Dieu Lui-même qui s’exprime dans un mouvement d’abaissement jusqu’à la poussière du sol (dont nous sommes tirés). Comment ne pas relire ce passage du chapitre 2 de l’épître aux Philippiens :

« Ayez en vous les dispositions qui sont dans le Christ Jésus : le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout : il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers,et que toute langue proclame : «Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père. »

Ce que ce doigt écrit sur le sol, c’est l’histoire d’un amour, d’une alliance qui vient nous chercher dans nos fragilités.

« Que celui d’entre vous qui est sans péché soit le premier à lui jeter la pierre. » Ce n’est pas une astuce de la part de Jésus ; c’est sa prière ; c’est la prière qu’il nous adresse : « Revenez à vos fragilités ! Sinon, vous n’aurez pas de part à mon amour ; sinon, vous resterez étrangers à cette histoire d’alliance que je suis venu inscrire dans la chair de l’histoire humaine. »

« Moi, non plus, je ne te condamne pas. Va et désormais, ne pèche plus ». Cette vie, sauvée dans la miséricorde, ne la sépare plus de sa source :

N’oublie pas : tu n’es pas anonyme, Et ton Dieu te connaît par ton nom.
Reconnais le grand vent qui t’anime, Quand l’Esprit envahit ta maison.

7. Prions

– Unissons-nous au Christ, présent dans les prisons de nos villes où Il rassemble aussi celles et ceux qui le cherchent et laissons-nous traverser par son souffle de vie :

  • Nous te rendons grâce, Jésus – Fils du Père, pour ton amour inconditionnel qui ne veut que relever l’humanité déchue. Merci de te faire proche de celles et ceux que, parfois, nous regardons de loin.
  • Nous te rendons grâce, Jésus – Fils du Père, de ta ténacité à vouloir sauver ce qui, parfois, ne nous paraît pas sauvable. Tu sais mieux que nous ce qu’est la vie : Tu la contemples au cœur du Père.
  • Nous te rendons grâce, Jésus – Fils du Père, pour la délicatesse de ton invitation à revenir à nos fragilités. Nous cherchons tellement à mettre en avant nos mérites comme si le Père n’acceptait prêt de Lui que ses enfants qui ont une bonne note.
  • Nous te rendons grâce, Jésus – Fils du Père, pour notre fraternité dans l’humanité blessée. Nous te prions pour celles et ceux dont les blessures sont plus douloureuses, plus mortifères et pour tous ceux que cela fait souffrir. Que ton pardon apaisant vienne ensemencer l’espérance.

Mettons-nous, pour terminer, à l’école de la prière d’une personne détenue : prière de Joël, rédigée dans sa cellule du centre pénitentiaire de L.

(Aumôneries catholiques françaises)

« Dieu du ciel, je prends refuge en Toi.

Dieu le Père, je prends refuge en Toi.
Fils du Père, je prends refuge en Toi.
Saint Esprit, je prends refuge en Toi.
Le matin, je me lève et je Te prie.
Seigneur, merci d’égayer ma journée.
Seigneur, donne-moi la Foi qui déplace les montagnes.
Seigneur, donne-moi la joie de vivre pour Toi.
Seigneur, donne-moi le goût du pardon de mes offenses.
Seigneur, donne-moi l’Esprit-Saint qui est en chaque humain.
Seigneur, donne-moi la lumière d’amour.
Seigneur, donne-moi le goût de vivre.
Seigneur, donne-moi l’amour du pardon.
Seigneur, fais descendre sur moi Ta Lumière.
Seigneur, ouvre mon cœur à la joie.
Seigneur, égaye mon cœur, mon âme, ma vie.


Seigneur, pardonne mes péchés,
aide moi à vivre dans Ta Lumière,
éclaire mon chemin contre les embûches de la vie,
donne-moi la force de ne pas douter, d’être le plus possible parfait comme Toi.

Dans la peine, donne-moi Ta Force.
Dans le doute, donne-moi Ta Force.
Dans l’ignorance, donne-moi Ta Force.
Dans la peur, donne-moi Ta Force.
Dans la haine, donne-moi Ta Force.
Dans le désespoir, donne-moi Ta Force.
Dans la maladie, donne-moi Ta Force.
Dans la peur, donne-moi Ta Force.
Dans la perte d’un enfant, donne-moi Ta Force.
Dans la perte de ma liberté, donne-moi Ta Force.
Dans la perte d’une personne chère à mon cœur, donne-moi Ta Force.

Pour tous les prisonniers du monde entier, donne-moi Ta Force.
Quand plus rien ne va dans ce monde, donne-moi Ta Force.
Quand pour moi, la vie n’a plus d’importance, donne-moi Ta Force.

Seigneur, éclaire-moi de Ta Lumière,

La force qui, sur la Croix, nous a donné la Rédemption de nos péchés.

Seigneur, j’aimerais tellement être comme Toi, pur et droit,

Mais la vie n’est pas toujours facile ;

Aussi je Te demande d’éclairer mon chemin de Ta Lumière.

Seigneur, Dieu le Père,
Seigneur, Dieu le Fils,
Seigneur, Dieu le Saint Esprit,

Cette prière pour Te dire que je T’aime. »

8. Chant final

À demain !

One Comment

  1. Oui, c’est pareil en Belgique: une profonde misère, toutun monde sur le fil du rasoir: https://www.lalibre.be/belgique/societe/les-detenus-prives-du-peu-de-libertes-qu-il-leur-restait-a-caus-du-coronavirus-les-prisons-sont-au-bord-de-l-explosion-on-risque-le-drame-5e8182847b50a6162be03d2a Seigneur, fils de Dieu qui nous sauve, aie pitié de toute cette misère.

    Et c’est pareil aussi pour des familles de très pauvres, ou des isolés, cloitrés, beaucoup trop à l’étroit dans des HLM sans terrasse…; Seigneur, comment ne pas supplier pour tus ces pauvres….

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