Jour 22 : Jeudi Saint

En écoutant ce message du Pape François, notre démarche devient ecclésiale et universelle. A son invitation, nous entrerons sur ce chemin pascal avec toutes nos sœurs et tous nos frères, tout particulièrement les Souffrants et les Aimants.

Magnificat ! C’est la louange qui porte ces trois jours. Elle prendra des couleurs différentes selon les moments. Tout ce qui nous sera donné de vivre avec le Christ durant ces jours résonnera de son invitation : « Entre dans la joie de ton maître ! » Nous découvrirons que c’est une joie à laquelle il faut nous convertir – il s’agit bien de « la joie de ton maître » – Il s’agit bien de FAIRE PASSAGE vers « LA JOIE que Dieu nous montrera ». Bien sûr, comme Thomas, nous disons au Seigneur : « Nous ne savons même pas où tu vas ! » Comment savoir que c’est vers la joie ? « JE SUIS LE CHEMIN, LA VÉRITÉ et LA VIE. »

1. Signe de croix

Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Amen.

(Ce signe de croix ouvre notre temps de prière d’aujourd’hui, mais il ouvre aussi les trois jours que nous allons vivre. En effet, la liturgie chrétienne ne prévoit pas que l’on trace sur soi le signe de la croix entre celui qui ouvre la messe du jeudi saint et celui de la bénédiction solennelle qui clôturera la vigile pascale ; comme si ces trois jours ne faisaient qu’une seule messe.)

2. Chant d’accueil

Refrain : Magnificat, magnificat, Grand est le Seigneur qui s’intéresse à l’homme !
Magnificat, magnificat, Loué soit le Dieu qui engendre la vie !

1 – Béni soit Dieu, son regard est tendresse, De son amour, il comble les petits.
Le pauvre est riche du service de ses frères, Le cœur du riche est mort à toute vie.

2 – Béni soit Dieu, c’est lui qui nous libère ; De nos péchés, Il ne se souvient plus.
Voici l’enfant qui rentre chez son père : Il l’attendait, ses bras lui sont tendus.

3 – Béni soit Dieu qui garde sa promesse ! Par Israël, toute bénédiction ! 
Dieu de l’histoire, Il se donne sans cesse, Pour qu’à jamais chante la création !

4 – Béni soit Dieu, par le boiteux qui danse, Par le muet qui se met à chanter !
Par tous les hommes qui retrouvent confiance ; Pour le bonheur de se sentir aimé !

Grand est le Seigneur qui s’intéresse à l’Homme

N’est-ce pas le premier passage dans lequel nous conduit Celui qui s’agenouille pour laver les pieds de ses disciples ?
Quelle grandeur ? Quelle joie ?

3. Évangile

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean

Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. 

Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l’Iscariote, l’intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu’il se noue à la ceinture ; puis il verse de l’eau dans un bassin. Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture.
Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit :
« C’est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? »
Jésus lui répondit :
« Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. »
Pierre lui dit :
« Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! »
Jésus lui répondit :
« Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi. »
Simon-Pierre lui dit :
« Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! »
Jésus lui dit :
« Quand on vient de prendre un bain, on n’a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer; et c’est pourquoi il disait : « Vous n’êtes pas tous purs. »

Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit :
« Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m’appelez “Maître” et “Seigneur”, et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

4. Commentaire

Permettez-moi de vous lire le début, j’oserais dire « le porche » du texte :

JÉSUS, à deux reprises et entre deux virgules, afin que le lecteur le détache bien et le mette au centre de la scène.

JÉSUS – sachant que L’HEURE EST VENUE pour LUI

JÉSUS – au moment de passer de ce monde à son Père

JÉSUS– sachant que le Père a TOUT remis entre ses mains

JÉSUS – sachant qu’il est SORTI de Dieu ET qu’IL s’en VA vers Dieu

L’Évangile de Jean accumule tout ce qu’il peut pour positionner Jésus à son apogée, à l’heure où il va faire éclater la magnificence de sa mission, le jusqu’au bout de ce qu’il est venu faire. On attend tout de Celui qui est sorti de Dieu … sauf ce qui se passe : Il se lève de table (le maître se ferait servir), il dépose son vêtement (contrairement au retour du fils prodigue : « mettez-lui le plus beau vêtement »),  il prend un linge qu’il se noue à la ceinture (18 Amen, amen, je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller. ») (Il le noue lui-même, mais pour « faire la volonté d’un Autre » – c’est le Père qui noue ce linge à sa ceinture), il met de l’eau dans un bassin (on peut penser au baptême), et il se met à laver les pieds de ses disciples.

Il faut lire et relire ce texte parce qu’on n’aura jamais compris à quel point l’abaissement est au cœur de Dieu ; On ne comprendra jamais à quel point Dieu est grand quand il s’agenouille devant l’Homme ! Ce lavement des pieds n’est pas une anecdote, c’est le cœur de l’Évangile. Cet Homme-Jésus, en tenue d’esclave, prenant la place du serviteur, c’est l’Homme-Dieu-Jésus-Fils, « expression parfaite du Père ».

Voilà encore un passage que nous n’aurons jamais fini de faire : du Dieu que nous imaginons au Dieu tel qu’Il se manifeste.

Heureux Simon-Pierre qui nous permet d’entendre le message que Dieu nous adresse : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec moi ! » Si je ne me laisse pas laver par la Miséricorde, je ne peux « entrer dans la joie du maître ». « La joie de se sentir aimé » chantait ce chant que nous avons écouté juste avant. La joie de sentir aimé et d’être traversé par l’amour qui, par moi, veut rejoindre les autres : « Je vous ai donné l’exemple pour que vous fassiez pour les autres comme j’ai fait pour vous. »

L’Eucharistie n’a de sens que pour nous nourrir de cet amour jusqu’au bout. Elle nous engage, nous aussi, dans cette position de serviteur du frère. Elle veut mettre en nous les énergies, ô combien nouvelles, de ce service de l’Homme. L’Eucharistie doit nourrir en nous la charité, la pousser au-delà de nos étroitesses. La charité du Christ n’est pas à ma mesure. Elle suscite en nous des peurs, des résistances, voir des refus : « Si je ne te lave pas, tu n’auras pas de part avec Moi ! ».

La pratique chrétienne, c’est la charité … nourrie de l’Eucharistie … éclairée par la Parole de Dieu … guérie dans la miséricorde … soutenue par l’espérance en la fidélité de Dieu.

Suivre le Christ, au long de ces trois jours du Triduum pascal, c’est s’ouvrir à cette sagesse de Dieu qui est folie aux yeux des Hommes ; c’est comprendre que nos sagesses humaines sont souvent folies au regard de l’Amour.

Écoutez ! Qui applaudit-on aujourd’hui ? Où voit-on, aujourd’hui la grandeur de l’Homme ? N’y a-t-il pas là une inversion de nos admirations ? Nos « vedettes » ne portent plus de paillettes ! La « folie » du service n’apparait-elle pas comme la vraie sagesse qui peut relever la vie ?

5. Hymne

Tu les sauvais, mais ils ne t’ont pas vu.
Qu’était pour eux le fils du charpentier ?
Sur la colline ils t’ont abandonné,
toi, Dieu vivant, qu’ils n’ont pas reconnu.

Ils n’ont su voir qu’un homme rejeté,
ils ont moqué le faux prophète mort,
ils ont plongé la lance dans ton corps,
ils n’ont pas vu l’espoir qui se levait.

Ils n’ont pas vu le signe sur ta main,
la main crispée du Maître et créateur
qui bénissait le monde des pécheurs ;
ils n’ont pas vu mourir le Saint des saints.

Vienne le jour de toute Vérité
où nous aurons enfin les yeux ouverts
sur cette grâce et cet amour offerts.
Vienne le jour du Christ en majesté !

6. Prière d’intercession

En communion avec les disciples que le Seigneur invite ce soir à son dernier repas, prions :

R/ Béni sois-tu, Seigneur, pour ton corps et ton sang !

Prêtre du Dieu Très-Haut,
tu t’es offert toi-même une fois pour toutes en sacrifice ; 
— apprends-nous à nous offrir avec toi.

Jésus Sauveur,
tu as accepté la coupe amère de la passion ; 
— enseigne-nous à faire la volonté du Père.

Rédempteur des hommes,
tu invites ton Église à célébrer l’eucharistie en mémoire de toi ; 
— garde toujours unis ceux qui partagent le même pain.

Bon Pasteur, ceux que tu nourris de toi, 
— transforme-les en toi.

Agneau de Dieu,
immolé, toujours vivant, 
— conduis au terme du passage ceux qui ont franchi la mort.

7. Notre Père

Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.

Amen.

8. Oraison

Pour ta gloire, Seigneur, et le salut du genre humain, Tu as fait du Christ ton Prêtre éternel et souverain ; accorde au peuple qui t’appartient au prix de son sang et qui célèbre aujourd’hui son mémorial de vivre des richesses de vie venues de sa croix et de sa résurrection. Lui qui règne.

9. Chant final

L’abbé Vannesson célébrera ce soir, à 19h, l’office du Jeudi Saint en l’église saint Bernard, à Montmédy. Joignons-nous à lui, en communion avec la paroisse.

À demain !

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