Jour 67 – 7° dimanche de Pâques

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Bonjour à toutes et tous !

Le décret gouvernemental est tombé cette nuit. Les rassemblements cultuels sont à nouveau possible, en France, dans nos églises. Ce décret prend effet dès ce samedi 23 mai. Chaque paroisse s’organisera en fonction des directives de l’évêque du lieu et des responsables paroissiaux. Nous devons être stricts sur les normes sanitaires et ne devons prendre aucun risque.

En ce qui concerne la paroisse Notre-Dame du Pays de Montmédy, nous reprendrons nos assemblées dominicales seulement au week-end de Pentecôte. Deux rassemblements sont prévus : le samedi 30 mai à 19 h à Montmédy (70 places sont étiquetées), et le dimanche 31 mai à 10 h 30 à Juvigny-sur-Loison (95 places sont étiquetées). Les fidèles voudront bien choisir en raison de la proximité géographique et non selon l’heure de convenance personnelle. Il s’agit de répartir le nombre de fidèles sur les deux lieux. Dans ces circonstances, notre rencontre journalière verra son terme le lundi 1° juin par une fête de la Vierge Marie, Mère de l’Église.

Dans la basilique d’Avioth, le premier rassemblement prévu sera à l’occasion de la Nuit d’adoration dans la nuit du 13 au 14 juin avec ouverture à 21 h. Le dimanche 14 juin à 10 h 30, toujours dans le respect des normes sanitaires et de la distanciation sociale, une messe sera célébrée. Elle clôturera cette nuit d’adoration. (Ce serait sympa que nous puissions nous saluer, même de loin, à cette occasion)

Nous sommes heureux de ce nouveau commencement. Certains sont même impatients. Nous le savons toutes et tous, le premier culte rendu à Dieu est celui de la charité envers le frère. Le respect des normes imposées participe de ce culte à Dieu. La distance entre nous c’est aussi la charité. Le port du masque, c’est aussi la charité. Tous ces gestes « barrières » sont l’expression de notre « prendre soin » de soi et des autres. Les seules barrières qui contredisent Dieu sont celles qui sont dans nos cœurs.

Aujourd’hui, 7° dimanche de Pâques. Nous sommes conduits au cœur de la prière de Jésus : « Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie ». Nous essayerons, non pas de comprendre l’Évangile avec notre tête, mais de considérer qu’il est notre paysage, un paysage que l’on admire, où l’on se sent vivant, mais sans se mettre au centre. Nous sommes dans le paysage et pourtant, c’est lui qui nous porte !

1. Signe de croix

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

2. Silence

(Commençons à sortir de nous-mêmes en orientant notre intériorité vers ce Dieu qu’elle ne peut contenir et qui, pourtant est Présence en elle. Faisons silence.)

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3. Prions avec l’Église

Entends notre prière, Seigneur : nous croyons que le Sauveur des hommes est auprès de toi dans la gloire ; fais-nous croire aussi qu’il est encore avec nous jusqu’à la fin des temps, comme il nous l’a promis. Lui qui vit et règne avec Toi dans l’unité du Saint Esprit pour les siècles des siècles— Amen.

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4. Les Actes des Apôtres

Lecture du livre des Actes des Apôtres (1, 12-14)

Les Apôtres, après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel, retournèrent à Jérusalem depuis le lieu-dit « mont des Oliviers » qui en est proche – la distance de marche ne dépasse pas ce qui est permis le jour du sabbat. À leur arrivée, ils montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient habituellement; c’était Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée, Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques. Tous, d’un même cœur, étaient assidus à la prière, avec des femmes, avec Marie la mère de Jésus, et avec ses frères.

Pour ta Parole, Seigneur, nous te rendons grâce.

Chacune et chacun de nous est « monté dans sa chambre haute », cette intériorité où elle (il) devient fils (fille) du même Père, frère / sœur universelle, fils / fille dans le FILS. Formons la communauté avec laquelle nous prions ce matin. Peut-être sent-on le besoin de les nommer … avec Marie la mère de Jésus.

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Nous prions avec et pour :

  • Pour ceux qui peinent à mettre leur confiance en Dieu, pour les explorateurs de sens, de vérité, de sagesse. Nous en connaissons certainement ; qui prient autrement ; qui se réfèrent à d’« Autre plus grand » qu’eux.  Ensemble, prions le Père de toute gloire.
    • Avec Marie, ta mère, ensemble, nous prions.
  • Pour les infatigables témoins de la parole de Dieu, pour les diacres partageant la joie de la Bonne Nouvelle, pour toutes les personnes qui, en ce temps de confinement, ont créé, inventé pour que la Parole de Dieu reste nourriture. Avec le pape François, prions le Père des lumières.
    • Avec Marie, ta mère, ensemble, nous prions.
  • Pour les hommes et les femmes qui se sentent abandonnés par Dieu, pour les mendiants de paroles de réconfort et d’espérance, pour celles et ceux qui peinent à trouver leur chemin de vie. Ensemble, prions le Père de toute compassion.
    • Avec Marie, ta mère, ensemble, nous prions.
  • Pour nous tous, rassemblés dans la même prière, enfants du même Dieu, pour les personnes qui auraient dû être les nouveaux baptisés de Pâques à la foi encore balbutiante, pour les personnes qui ont dû repousser une cérémonie qui devait marquer leur vie (baptême, confirmation, mariage). Ensemble, prions le Père de toute bonté.
    • Avec Marie, ta mère, ensemble, nous prions.
  • Il y a aussi les intentions plus personnelles…

Toutes celles-là, tous ceux-là sont notre communauté rassemblée ce matin dans le cœur du Père.

5. Évangile

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Alleluia !

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Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (17, 1b-11a)

En ce temps-là, Jésus leva les yeux au ciel et dit : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné pouvoir sur tout être de chair, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. « Moi, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’œuvre que tu m’avais donnée à faire. Et maintenant, glorifie-moi auprès de toi, Père, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde existe. J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. « Moi, je prie pour eux; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés, car ils sont à toi. Tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi; et je suis glorifié en eux. Désormais, je ne suis plus dans le monde; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. » 

Louange à Toi, Seigneur Jésus.

Commentaire

Si nous fonctionnons selon des schémas militaires, la gloire est une question de victoire. Si nous fonctionnons selon des schémas politiques, la gloire est une question de rang social. Si nous fonctionnons selon des schémas d’artistes, la gloire peut se mesurer aux applaudissements. Et Jésus ? selon quel schéma parle-t-il de Gloire ? Qu’allons-nous bientôt pouvoir à nouveau chanter dans le « Gloire à Dieu » qui ouvre nos eucharisties ? 

« Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils afin que le Fils Te glorifie ». Et l’heure qui est venue est celle de la croix. La gloire dont il est question chez Dieu se mesure à l’aune de la croix ; pour éviter toute erreur sur la souffrance, disons que la gloire se mesure à l’aune de l’Amour. La gloire du Fils sera de se montrer Fils par toutes les fibres de son Être, de poser l’acte dans lequel il va révéler radicalement son identité profonde, son Être-Fils. Et être fils, c’est se recevoir du Père. D’où cette demande au Père : donne-moi d’être pleinement Fils en me recevant de Toi radicalement. Je me remets totalement entre tes mains (jusqu’à remettre mon esprit entre tes mains) pour me recevoir radicalement de Toi. (« J’ai le pouvoir de donner ma vie, et j’ai le pouvoir de la reprendre parce que le Père m’a donné tout pouvoir »). Père, donne-moi d’être Fils et ainsi, en me recevant de Toi, je te permets d’être pleinement Père dans le don de la résurrection; je te glorifie. Je te permets de te manifester radicalement selon ce que tu es dans ton Être propre : la Source de toute vie, de Vie éternelle. La gloire, chez Dieu, c’est la vérité de l’Être. L’Être-Père et l’Être-Fils, en pleine communion au point que cette communion se traduit dans la vérité de l’Être-Esprit. « Je suis venu, avait dit Jésus à Pilate, pour « rendre témoignage à la Vérité ! »

Nous avons une petite idée de cela dans l’amour des parents, quand ils ont renoncé à tous les rêves de « réussite » qu’ils ont nourri pour leurs enfants, et que leur amour les conduit à dire : « L’essentiel, c’est qu’ils trouvent leur voie ». Pouvoir mettre en œuvre ce pour quoi je suis fait, manifester par mes actes le fond de ce qui m’habite, incarner ce que je suis dans ce que je fais, nous avons là une petite idée de la gloire chez Dieu. En d’autres termes, on dirait : vivre sa vocation. Le mystère de l’incarnation est bien cela : l’Être de Dieu se dit parfaitement dans la chair d’un homme, Jésus de Nazareth, parfaite expression du Père. Lorsque nous chantons « Gloire à Dieu au plus haut des cieux » : nous pouvons entendre Saint Irénée qui répond : « la gloire de Dieu c’est l’Homme vivant » (à fond son humanité de fils). Quand nous chantons ce « Gloire à Dieu », nous disons notre choix de vivre en fils et fille, en frères et sœurs dans une humanité réconciliée, et moi, dit Jésus : « je suis glorifié en eux ». C’est dans l’Homme que Dieu trouve sa gloire bien plus que dans la beauté de nos liturgies ou de nos édifices religieux.

Jésus nous conduit à l’intime de l’amour selon lequel l’un vit PAR l’autre (et vice et versa) plus que POUR l’autre. Dans ce « vivre POUR » l’autre, peut toujours se cacher un soupçon de supériorité ou de droit acquis – « après tout ce que j’ai fait pour toi – (n’est-ce pas le problème des Pharisiens ?). Le « vivre PAR l’autre » met en situation de réceptivité, c’est la position du pauvre ou du serviteur qui n’est pas écrasante puisqu’elle est réciproque entre le Père et le Fils. Et quand elle n’est pas réciproque avec l’autre que nous aimons (jusqu’à notre ennemi), je peux toujours vivre cette réciprocité AVEC Lui, PAR Lui et Pour Lui.

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Voici ce que nous pouvions lire dans le journal La Croix du vendredi 22 mai : « Loin d’aspirer aux sommets, Geneviève Comeau décrit « la croissance spirituelle comme le passage progressif de l’idéal au réel ». Un véritable chemin pascal : « L’image que j’ai de moi-même, des autres, de l’Église, va tomber pour me permettre de consentir au réel. » Non pas pour « faire plaisir au bon Dieu » ou gagner des bons points, mais pour dégager en nous la source. « Consentir, c’est être sauvé », disait déjà saint Bernard de Clairvaux. C’est au prix de nos idéaux délaissés que nous pouvons accéder à la liberté intérieure, et ce n’est jamais tout à fait gagné : « Accepter nos pauvretés se demande dans la prière et nous demande aussi d’être vigilant », explique la religieuse xavière.

La croissance spirituelle se joue au plus intime de chaque être : il n’y a pas de modèle. « Croître, ce n’est certainement pas devenir un autre », insiste le père Raphaël Buyse qui rappelle cet échange entre Rilke et un jeune poète : « Est-ce que ce que j’écris est bon ? », s’inquiète Franz Kappus. « C’est une fausse question, répond Rilke, demandez-vous plutôt si vous pouvez vivre sans écrire. »

Pour le prêtre du diocèse de Lille, il en est de même dans la vie spirituelle : « La croissance spirituelle, c’est permettre à la personne de rejoindre son cœur le plus profond, ce sans quoi elle ne serait pas elle-même. » Le seul désir de Dieu, c’est que nous devenions ce que nous désirons être… Ce n’est pas si simple : « Il y a de la vase dans nos profondeurs, des tourbillons, des envies de surface qui gênent le forage vers notre désir intime… » 

6. Notre Père

Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.

Amen.

7. Méditation

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D’après un poème de saint Jean de la Croix.

De noche iremos, de noche
Que para encontrar la fuente
Sólo la sed nos alumbra
Sólo la sed nos alumbra.

De nuit, nous irons de nuit.
Que pour trouver la source,
seule, la soif nous éclaire,
seule, la soif nous éclaire !

À demain !

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