Jour 71 – 20° jour d’un chemin avec Marie

Demandons l’Esprit de connaissance

Bien sûr, l’Esprit Saint que nous attendons se donnera de manière complète à la Pentecôte; bien sûr, c’est de manière complète qu’Il a pris Marie sous son ombre lors de l’Annonciation, lui conférant une plénitude de grâces.

Si nous prenons le temps de détailler cette semaine les différentes facettes de cette troisième Personne de la Trinité, c’est pour apprendre à mieux la connaître, car Elle sera bientôt – car Elle est ! – notre meilleure compagne. Vivre de l’Esprit du Père et du Fils est vraiment notre destinée, ne l’oublions pas !

1. Signe de croix

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

2. Silence

Je fais silence pour accueillir cet Esprit de connaissance qui vient m’aider à dépasser les apparences, à distinguer les réalités qui passent de celles qui ne passent pas, à me recentrer sur l’essentiel.

3. Évangile

Évangile selon saint Jean (17, 24-26)

Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde.
Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé.
Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux.

Commentaire

La connaissance de Dieu est affaire d’amour, c’est Jésus lui-même qui l’affirme. L’Esprit de connaissance, quand nous le recevons, ne peut donc pas nous arracher à cet amour : bien au contraire, il veillera à nous faire découvrir quelle est notre place particulière dans cette relation qui unit le Fils à son Père.

C’est parce qu’elle s’est montrée experte dans la connaissance de cet amour que la Petite Thérèse a été décrétée « Docteure de l’Église ». On se souvient de son cri de joie, en comprenant sa vocation, c’est-à-dire sa place de fille, dans l’amour du Père, grâce à l’Esprit Saint :

La Charité me donna la clef de ma vocation. Je compris que si l’Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un Cœur, et que ce Cœur était BRÛLANT d’AMOUR. Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Église, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang… Je compris que l’AMOUR RENFERMAIT TOUTES LES VOCATIONS, QUE L’AMOUR ÉTAIT TOUT, QU’IL EMBRASSAIT TOUS LES TEMPS ET TOUS LES LIEUX … EN UN MOT, QU’IL EST ÉTERNEL ! … Alors, dans l’excès de ma joie délirante, je me suis écriée : Ô Jésus, mon Amour… ma vocation, enfin je l’ai trouvée, MA VOCATION, C’EST L’AMOUR !… Oui, j’ai trouvé ma place dans l’Église et cette place, ô mon Dieu, c’est vous qui me l’avez donnée… dans le Cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’AMOUR… ainsi je serai tout… ainsi mon rêve sera réalisé !… Pourquoi parler d’une joie délirante ? Non, cette expression n’est pas juste, c’est plutôt la paix calme et sereine du navigateur apercevant le phare qui doit le conduire au port… Ô Phare lumineux de l’amour, je sais comment arriver jusqu’à toi, j’ai trouvé le secret de m’approprier ta flamme. Je ne suis qu’une enfant, impuissante et faible, cependant c’est ma faiblesse même qui me donne l’audace de m’offrir en Victime à ton Amour, ô Jésus !

Soudain, Thérèse comprend. Il y a dans les mots « comprendre » et « connaître » le même préfixe issu du latin « cum ». Avec (cum) l’esprit, Thérèse va prendre, saisir, comprendre, ce qui lui permettra de naître : sa vocation. Et cette compréhension, cette con-naissance, sera source d’une joie profonde, paisible et durable.

L’Esprit de connaissance est celui qui révèle aux petits et aux humbles ce qui demeure caché aux savants et aux sages (Mt 11, 25) : la connaissance du créé que me donne la science, à quoi me sert-elle si elle ne conduit pas à Dieu ? Grâce à cet esprit, au contraire, je peux tenir ensemble la science et la foi, sans que l’une ne vienne chasser l’autre : les créatures sont remises à leur juste place; les étudier devient une aide dans la connaissance de Dieu, comme un marche-pied. Ce n’est plus en rien un obstacle.

On peut avancer, sans crainte de se tromper, que c’est l’Esprit de connaissance qui conduisit les Mages jusqu’à l’enfant de Bethléem : mettant en œuvre leurs connaissances cosmologiques, ils ont suivi l’astre nouveau sans le déifier ni en faire un objet de science pour lui-même, mais seulement parce qu’il les guidait quelque part, vers cette adoration de Celui qu’ils cherchaient sans même le savoir, ce Roi des rois, Seigneur des Seigneurs, Dieu de l’univers.

5. Méditons

L’Esprit de connaissance se sert de notre observation des choses d’en-bas pour nous enseigner sur les réalités d’en-haut. La poésie a peut-être ce don de faire jaillir le sens par l’intermédiaire des images. En cela, on peut dire que Madeleine Delbrêl, dans ce long mais superbe texte, est habitée par la grâce et l’esprit de connaissance des « réalités d’en-haut ».

Le Bal de l’obéissance

C’est le 14 juillet.
Tout le monde va danser.
Partout, depuis des mois, des années, le monde danse.
Plus on y meurt, plus on y danse.
Vagues de guerres, vagues de bal.

II y a vraiment beaucoup de bruit.
Les gens sérieux sont couchés.
Les religieux récitent les matines de saint Henri, roi.
Et moi je pense
À l’autre roi,
Au roi David qui dansait devant l’Arche.

Car s’il y a beaucoup de saintes gens qui n’aiment pas danser,
Il y a beaucoup de saints qui ont eu besoin de danser,
Tant ils étaient heureux de vivre :
Sainte Thérèse avec ses castagnettes,
Saint Jean de la Croix avec un Enfant Jésus dans les bras,
Et saint François, devant le pape.
Si nous étions contents de vous, Seigneur,
Nous ne pourrions pas résister
À ce besoin de danser qui déferle sur le monde,
Et nous arriverions à deviner
Quelle danse il vous plaît de nous faire danser
En épousant les pas de votre Providence.

Car je pense que vous en avez peut-être assez
Des gens qui, toujours, parlent de vous servir avec des airs de
Capitaines,
De vous connaître avec des airs de professeurs,
De vous atteindre avec des règles de sport.
De vous aimer comme on s’aime dans un vieux ménage.

Un jour où vous aviez un peu envie d’autre chose,
Vous avez inventé saint François,
Et vous en avez fait votre jongleur.
À nous de nous laisser inventer
Pour être des gens joyeux qui dansent leur vie avec vous.

Pour être un bon danseur, avec vous comme ailleurs, il ne faut
Pas savoir où cela mène.

Il faut suivre,
Être allègre,
Être léger,
Et surtout ne pas être raide.
Il ne faut pas vous demander d’explications
Sur les pas qu’il vous plaît de faire.
Il faut être comme un prolongement,
Agile et vivant de vous,
Et recevoir par vous la transmission du rythme de l’orchestre.

Il ne faut pas vouloir à tout prix avancer,
Mais accepter de tourner, d’aller de côté.
Il faut savoir s’arrêter et glisser au lieu de marcher.
Et cela ne serait que des pas imbéciles
Si la musique n’en faisait une harmonie.

Mais nous oublions la musique de votre esprit,
Et nous faisons de notre vie un exercice de gymnastique;
Nous oublions que, dans vos bras, elle se danse,
Que votre Sainte Volonté
Est d’une inconcevable fantaisie,
Et qu’il n’est de monotonie et d’ennui
Que pour les vieilles âmes
Qui font tapisserie
Dans le bal joyeux de votre amour.

Seigneur, venez nous inviter.
Nous sommes prêts à vous danser cette course à faire,
Ces comptes, le dîner à préparer, cette veillée où l’on aura
Sommeil.

Nous sommes prêts à vous danser la danse du travail,
Celle de la chaleur, plus tard celle du froid.
Si certains airs sont souvent en mineur, nous ne vous dirons pas
Qu’ils sont tristes;
Si d’autres nous essoufflent un peu, nous ne vous dirons pas
Qu’ils sont époumonants.
Et si des gens nous bousculent, nous le prendrons en riant,
Sachant bien que cela arrive toujours en dansant.

Seigneur, enseignez-nous la place
Que, dans ce roman éternel
Amorcé entre vous et nous,
Tient le bal singulier de notre obéissance.

Révélez-nous le grand orchestre de vos desseins,
Où ce que vous permettez
Jette des notes étranges
Dans la sérénité de ce que vous voulez.
Apprenez-nous à revêtir chaque jour
Notre condition humaine
Comme une robe de bal, qui nous fera aimer de vous
Tous ses détails comme d’indispensables bijoux.

Faites-nous vivre notre vie,
Non comme un jeu d’échecs où tout est calculé,
Non comme un match où tout est difficile,
Non comme un théorème qui nous casse la tête,
Mais comme une fête sans fin où votre rencontre se renouvelle,
Comme un bal,
Comme une danse,
Entre les bras de votre grâce,
Dans la musique universelle de l’amour.

Seigneur, venez nous inviter.

Madeleine DELBRÊL, Nous autres gens des rues.

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6. Notre Père

Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.

Amen.

7. Prions avec Marie

Marie, comblée de grâces, aide-nous à accueillir l’Esprit de connaissance des choses de Dieu, qui remet chaque chose à sa place.

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À demain !

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