Jour 17 : Marie en ses « Litanies » (2)

Dans le déambulatoire de la Basilique, les stalles des Bernardines Réparatrices ayant brièvement séjourné à Avioth avant la seconde guerre mondiale, égrènent, sculptées dans le bois de chêne, quelques-unes parmi les plus belles Litanies dites de Lorette.

En ce samedi, jour dédié à Marie, reprenons le parcours interrompu la semaine dernière.

À chaque arrêt entre les stalles, on reprendra ce « Je vous salue Marie chanté » :

1. Marie, Tour de David

« David s’empara de la forteresse de Sion… et il l’appela ‘Cité de David’. Puis David construisit tout autour » (2 Samuel 5, 7-9). Les remparts protègent les habitants ; les tours assurent la surveillance sur les environs. « La montagne sacrée s’élève avec élégance et fait la joie de toute la terre ; la capitale du monde, c’est le mont Sion, la cité du grand Roi. Dieu veille dans ses fortifications » (Psaume 48, 2-4). L’actuelle Tour de David dans la vieille enceinte de Jérusalem, se dresse svelte, imprenable. Sa base s’accroche au sol tandis que le sommet s’élance vers le ciel. Elle est évoquée, avec une touche de délicatesse, quand la Bible chante la prestance de l’Épouse : « Ton cou est comme la tour de David, bâtie pour être un arsenal : mille boucliers y sont suspendus, tous les carquois des guerriers » (Cantique 4, 4).
Jérusalem, mère féconde déploie sa vigueur contre les ennemis. Elle préservera le reste d’Israël (2 Rois 19, 31).
Le projet magnanime de David pour édifier le temple fut bien récompensé : « Ton trône restera ferme pour toujours » (2 Samuel 7, 16). La Fille de Sion en a entendu l’écho, lors de l’Annonciation du Roi éternel. Marie « est appelée à être la véritable demeure de Dieu, une demeure qui n’est pas faite de pierres, mais de chair vivante, d’un cœur vivant » (Benoît XVI, Homélie, 18/12/2005).
« Réjouis-toi, solide tour qui garde l’Église ! » (Hymne Acathiste – destinée à être chantée debout). L’Église glorifie Dieu, en louant Marie par ce titre. Préservée de tout péché depuis sa conception, la Sainte Vierge est comparée à la citadelle de David, qui demeure intacte et offre refuge sûr aux fidèles. Elle préserve des déchirements intérieurs et des agressions extérieures.
À propos de la métaphore biblique, on compare les « mille boucliers » à « toutes les vertus, qui se trouvent auprès de l’humilité ». Autant de remèdes contre les dangers : « En tout péril, vous pouvez obtenir le salut de cette glorieuse Vierge » (saint Thomas, La Salutation angélique). Dès avant les litanies de Lorette, elle était invoquée pour l’heure de la mort : « Soyez une tour forte, pour refuge à mon âme ».

2. Marie, la Maison d’or

« La Sagesse a bâti sa maison » (Proverbes 9, 1). David, dans son palais, comprit qu’une demeure stable serait digne du Seigneur ; en récompense, Dieu lui donna une descendance éternelle (2 Samuel 7, 2-13). Le Christ accomplit la promesse par Marie, qui est la nouvelle demeure sainte du Sauveur parmi les hommes.
« Réjouis-toi, Maison glorieuse de Celui qui siège sur les Séraphins ! » (Hymne Acathiste). Le Verbe immense a été contenu dans le sein de la Vierge. La Servante du Seigneur devient la « maison du Désiré des nations », « Temple vivant », « Chambre nuptiale », « Palais d’épousailles immaculées »… Par l’obéissance de la foi, la Vierge Marie est devenue la « demeure du Très-Haut ».
À la droite du roi, la reine glorieuse « est parée d’or… Son vêtement est fait de broderies d’or » (Psaume 45, 10.14). La Mère de Dieu est « la maison d’or, ornée des dons de l’Esprit ; la salle royale éclairée par le Soleil de justice ; la Cité sainte arrosée par les fleuves de la grâce » (Messe « la Vierge Marie, Temple du Seigneur », Préface). Le métal précieux a été considéré partout un signe impérissable de la stabilité et la splendeur de la grâce ; une parure digne de Dieu.
Le sanctuaire de Lorette vénère la maison de Nazareth, depuis la fin du XIIIe siècle. Riche en vertus, le foyer de Nazareth reste le modèle des familles chrétiennes. Une maison revêtue de l’or de l’amour. Marie, qui a accompagné le croissance du Christ, préside aussi à la maturité du chrétien. La Maison d’or de l’Incarnation devient le cadre porteur de la sanctification : la présence de Marie empêche de s’arrêter aux apparences ; avec elle, l’or du don soi sera de première qualité.

« Merci à toi, femme-mère, qui accueilles en ton sein l’être humain… Tu deviens sourire de Dieu pour l’enfant qui vient au monde, tu deviens le guide de ses premiers pas, le soutien de sa croissance, puis le point de repère sur le chemin de sa vie » (Jean-Paul II, Lettre aux femmes, 1995, §2).

3. Marie, Arche d’alliance


« Réjouis-toi, Arche de la Nouvelle Alliance dorée par l’Esprit ! » (hymne Acathiste). Moïse fit fabriquer un coffre précieux ; comme digne écrin de cette relique, Salomon bâtit un temple grandiose. Pour sceller l’Alliance nouvelle, Dieu s’est préparé une arche meilleure, prenant chair dans le corps d’une Vierge. Elle est « faite non plus de la main des hommes, mais par Dieu lui-même ; non plus revêtue d’un or matériel, mais toute resplendissante des feux du Saint-Esprit vivifiant, qui était survenu sur elle » (Modeste de Jérusalem, Sermon pour la Dormition).
La tradition, qui l’acclame : « Salut, Arche de l’Alliance ! » (Office de l’Immaculée), est passée aux litanies de Lorette. « Marie est l’arche de l’alliance car elle a accueilli en elle Jésus. Arche de la présence de Dieu, arche de l’alliance d’amour que Dieu a voulu établir de façon définitive avec toute l’humanité dans le Christ » (Benoît XVI, Homélie, 15/08/2011).

Chaque baptisé est invité « à devenir une arche dans laquelle est présente la Parole de Dieu, afin que les hommes puissent rencontrer dans l’autre homme la proximité de Dieu. Marie, l’arche de l’alliance qui est dans le sanctuaire du Ciel, nous indique avec une clarté lumineuse que nous sommes en chemin vers notre véritable Maison, la communion de joie et de paix avec Dieu » (idem).

4. Marie, Rose mystique

La sagesse, enracinée en Israël, « a grandi comme des plants de rose à Jéricho » (Sg 24, 18) ; « Fils saints, croissez comme le laurier-rose au bord d’un cours d’eau » (Sg 39, 17).

Très vite, des sépultures chrétiennes montrent le ciel rempli de roses. « Les fleurs parlent de la sainteté, de l’amour, de la providence, des dons du Saint-Esprit » (J.-H. Newman, Le mois de mai I, 5).
Le Ve siècle comparaît Marie à une rose. « Comme une tendre rose s’élève au milieu des épines aiguës, n’ayant rien en elle-même qui blesse, et devient supérieure à sa mère, ainsi sainte Marie en naissant de la souche d’Ève a expié, Vierge nouvelle, le crime de la vierge antique » (Sedulius, Chant Pascal II, 28-31). « Comme l’épine donne lieu à une rose, ainsi Ève engendra Marie » (Office de la Nativité de Marie, antienne).

Chez les Cisterciens, Notre Dame est surnommée Rose. Des rosaces médiévales situent Notre Dame au centre. Première après la Trinité, Notre Dame brille au centre de la rose des saints : « Regarde maintenant le visage qui le plus ressemble au Christ ; sa clarté peut seule te disposer à voir le Christ » (Dante, Paradis, 32, 85-87).
La rose est l’amour ardent et fidèle ; le qualificatif de mystique, souligne sa vitalité surnaturelle, en lien avec l’incarnation, la sanctification et la gloire. La Rose mystique, porteuse du parfum du Christ, ne peut pas se faner (Jean Damascène).

Plusieurs sanctuaires sont dédiés à Notre Dame, Rose Mystique. Au Mexique, dans une colline près de la capitale, un ermitage rayonna depuis 1540, plein de force évangélisatrice : une Belle Dame, malgré la saison hivernale, avait invité l’indien Juan Diego à recueillir des roses ; celui-ci les apporta à l’archevêque du lieu comme garantie de l’apparition ; quand il déploya sa tunique, les fleurs laissèrent la place à un portait de la Vierge. En 1751, le peintre mexicain Miguel Cabrera illustra la rencontre du paysan avec le prélat (Musée National d’Histoire, Cité de Mexico). Ici, les roses ont fourni des couleurs au portrait de Notre Dame.

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Notre – Dame de Guadalupe

(Source du dossier sur les Litanies de Lorette : cliquer ici)


5. Méditons

À la veille de la fête des Rameaux, méditons ce texte de la Liturgie des Heures de ce jour, écrit par saint Grégoire de Naziance, Père de l’Église, au IVè siècle :

« (…) Eh bien, quant à nous, participons à la loi, mais à la lumière de l’Évangile et non pas selon la lettre ; de façon parfaite et non ébauchée ; pour toujours et non pas pour un moment. Ayons pour capitale non pas la Jérusalem d’en bas, mais la cité d’en haut ; non pas celle qui est piétinée par les armées, mais celle qui est glorifiée par les anges. Offrons en sacrifice, non pas de jeunes taureaux ni des agneaux portant cornes et sabots — offrandes mortes et insensibles — ; offrons à Dieu un sacrifice de louange sur l’autel céleste, en union avec les chœurs du ciel. ~ Ce que je vais dire va plus loin : c’est nous-mêmes que nous devons offrir à Dieu en sacrifice ; offrons-lui chaque jour toute notre activité. Acceptons tout pour le Christ ; par nos souffrances, imitons sa passion ; par notre sang honorons son sang ; montons vers la croix avec ferveur. ~

Si tu es Simon de Cyrène, prends la croix et suis-le. Si tu es crucifié avec lui, comme le malfaiteur, reconnais, comme cet homme juste, qu’il est Dieu. Si lui-même a été compté parmi les pécheurs à cause de toi et de ton péché, toi, deviens un homme juste à cause de lui. En te crucifiant, adore celui qui a été crucifié à cause de toi, et tire quelque profit de ta méchanceté même ; achète le salut au prix de la mort ; entre au Paradis avec Jésus, pour comprendre de quels biens tu étais exclu. Contemple les merveilles qui sont là, et laisse mourir au-dehors, avec ses blasphèmes, celui qui l’injuriait.

Si tu es Joseph d’Arimathie, réclame le corps à celui qui l’a fait mettre en croix ; que ton souci soit le rachat du monde.

Si tu es Nicodème, cet adorateur nocturne de Dieu, mets-le au tombeau avec les parfums.

Si tu es une des saintes femmes, l’une ou l’autre Marie, si tu es Salomé ou Jeanne, va le pleurer de grand matin. Sois la première à voir la pierre enlevée, à voir peut-être les anges, et Jésus lui-même. »

6. Notre Père

Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.

Amen.

7. Chant final

À demain !

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