Jour 35 – 3° jour de « Laudato Si »

Heureux celui qui sait prendre soin de lui, des autres et de la relation !

« Prends bien soin de toi ! » C’est sur ce conseil que se terminent la plupart de nos messages actuellement. Ce qui signifie, de la part de celui qui le dit : avec la distanciation qui s’impose, je ne pourrai plus veiller sur toi de la même manière, je le ferai de loin mais TOI, veille sur toi car je t’aime !

Prendre soin de soi n’est pourtant pas si simple pour un chrétien, habitué qu’il est à se tourner vers Dieu et vers les autres, à s’effacer, se faire humble et petit, se donner, s’oublier…

Quel est le sens de ce conseil dans le cadre d’une encyclique écologique ?

1. Signe de croix

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

2. Silence

(Je prends un moment de silence pour me mettre en présence de Dieu, Éternelle Présence en moi et dans la création.)

3. Dans les pas d’un saint

– Prière de Charles de Foucauld

« Mon Créateur, mon Père, mon Bien-Aimé, Vous êtes la Beauté suprême ! Toute beauté créée, beauté de la nature, du ciel au coucher du soleil, de la mer unie comme une glace sous un ciel bleu, des forêts sombres, des jardins fleuris, des montagnes, des grands horizons du désert, des neiges et des glaciers, beauté d’une belle âme se reflétant sur un beau visage, beauté d’une belle action, d’une belle vie, d’une grande âme, toutes ces beautés ne sont que les plus pâles reflets de la Vôtre, mon Dieu. Tout ce qui a charmé mes yeux en ce monde n’est que le plus pauvre, le plus humble reflet de votre Beauté infinie ».

– Du mépris de soi à l’amour universel

Arrivé au terme de sa vie, Charles de Foucauld disait « Il faut aller vers les hommes les plus abandonnés pour les aimer comme Jésus nous l’a commandé ». Vivant en terre d’Islam, parmi les Touaregs, « non pour les convertir mais essayer de les comprendre », il fut appelé le « frère universel ».

Quelle jeunesse, cependant, quel parcours que la vie de cet homme avant d’en arriver aux mots de cette prière !

Adolescent, Charles baigne dans l’atmosphère de progrès scientifique et technique de la fin du XIXè siècle. Il perd peu à peu la foi de son enfance pour s’enfoncer dans une existence de plaisirs et de distractions. Par manque de finalité dans la vie et par « égoïsme », comme lui-même le dira plus tard, il est poussé à rechercher la satisfaction immédiate de ses envies sans se préoccuper des règles, des autres ni bien sûr de Dieu.

La Vie de Charles de Foucauld, par le dessinateur Jijé.

« L’égoïsme absolu dans l’obscurité et la boue […]. Les gens les plus mondains, mes camarades, ne m’estimaient pas : je les dégoûtais, je leur répugnais, j’étais moins un homme qu’un porc. Voilà, mon Dieu, dans quelle boue je me roulais. »

« Je faisais le mal, mais je ne l’approuvais ni ne l’aimais… Vous me faisiez sentir une tristesse profonde, un vide douloureux, une tristesse que je n’ai jamais éprouvée qu’alors… Elle me revenait chaque soir lorsque je me trouvais seul dans mon appartement… Elle me tenait muet et accablé pendant ce qu’on appelle les fêtes : je les organisais, mais le moment venu, je les passais dans un mutisme, un dégoût, un ennui infinis… Vous me donniez cette inquiétude vague d’une conscience mauvaise qui, tout endormie qu’elle est, n’est pas tout à fait morte, et cela suffisait pour me mettre dans un malaise qui empoisonnait ma vie… je n’ai jamais senti cette tristesse, ce malaise, cette inquiétude qu’alors. Mon Dieu, c’était un don de vous. »

Charles ne s’aime pas et n’est pas aimé. Alors, il saborde sa vie, qui n’a pas de sens. Jusqu’au jour où un événement politique le projettera dans une quête d’abord purement héroïque, ensuite pleinement spirituelle, qui se terminera par sa mort brutale, en 1916, en plein désert du Hoggar (cliquer pour voir sa biographie).

4. Lecture de l’encyclique

Laudato Si, chapitre III, La conversion écologique.

225. (Par ailleurs,) aucune personne ne peut mûrir dans une sobriété heureuse, sans être en paix avec elle-même. La juste compréhension de la spiritualité consiste en partie à amplifier ce que nous entendons par paix, qui est beaucoup plus que l’absence de guerre. La paix intérieure des personnes tient, dans une large mesure, de la préservation de l’écologie et du bien commun, parce que, authentiquement vécue, elle se révèle dans un style de vie équilibré joint à une capacité d’admiration qui mène à la profondeur de la vie. La nature est pleine de mots d’amour, mais comment pourrons-nous les écouter au milieu du bruit constant, de la distraction permanente et anxieuse, ou du culte de l’apparence ? Beaucoup de personnes font l’expérience d’un profond déséquilibre qui les pousse à faire les choses à toute vitesse pour se sentir occupées, dans une hâte constante qui, à son tour, les amène à renverser tout ce qu’il y a autour d’eux. Cela a un impact sur la manière dont on traite l’environnement. Une écologie intégrale implique de consacrer un peu de temps à retrouver l’harmonie sereine avec la création, à réfléchir sur notre style de vie et sur nos idéaux, à contempler le Créateur, qui vit parmi nous et dans ce qui nous entoure, dont la présence « ne doit pas être fabriquée, mais découverte, dévoilée ».

226. Nous parlons d’une attitude du cœur, qui vit tout avec une attention sereine, qui sait être pleinement présent à quelqu’un sans penser à ce qui vient après, qui se livre à tout moment comme un don divin qui doit être pleinement vécu. Jésus nous enseignait cette attitude quand il nous invitait à regarder les lys des champs et les oiseaux du ciel, ou quand en présence d’un homme inquiet « il fixa sur lui son regard et l’aima » (Mc 10, 21). Il était pleinement présent à chaque être humain et à chaque créature, et il nous a ainsi montré un chemin pour surmonter l’anxiété maladive qui nous rend superficiels, agressifs et consommateurs effrénés.

5. Enracinement

La Parabole du Fils prodigue, Luc 15, 11-32

(14) Il avait tout dépensé, quand une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans le besoin.

L’argent, lorsqu’il est coupé de sa source – une vie donnée aux soins de la terre et du bétail, d’un travail bien fait, d’un service rendu, d’une personne aidée …, se montre vite sans sel et sans saveur, juste bon à dépenser.

Ce genre de vie désordonnée épuise : la famine se fait ressentir, il s’agit d’une famine de l’âme et toute la terre s’en trouve atteinte. Tout est lié.

(15) Il alla s’engager auprès d’un habitant de ce pays, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs.

En terre étrangère, c’est-à-dire loin du Père, les fils ne trouvent pas leur place. C’est ainsi que l’anonymat s’installe dans les relations, qui finissent par se dégrader. On est vite à garder les porcs pour un patron que l’on méprise.

(16) Il aurait bien voulu se remplir le ventre avec les gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui donnait rien.

On devient invisible et la famine devient plus grande encore, poussant à une vie de moins en moins digne.

(17) Alors il rentra en lui-même et se dit : « Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi, ici, je meurs de faim !

Qui donc est l’homme pour que Tu penses à lui ? Car Toi, tu as veillé et laissé ton esprit comme une flamme en veilleuse dans le cœur de tes fils.

(18) Je me lèverai, j’irai vers mon père, et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi.

Qui donc est l’homme pour que Tu l’aimes ?

(19) Je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers. » (…)

Je ne suis plus digne Mais le Père…

(22) Mais le père dit à ses serviteurs : “Vite, apportez le plus beau vêtement pour l’habiller, mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds,

De retour chez le Père, la dignité est rétablie : l’argent est rétabli dans sa valeur de bien d’usage relationnel. L’accueil a vraiment le goût de l’amour.

(23) allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons,

La nature est au service de cet accueil et de cette joie. Elle y a été préparée, elle y est ordonnée : ce veau a été aimé pour ce jour où l’amour reprendrait ses droits !

(24) car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.” Et ils commencèrent à festoyer.

La vie reprend et elle est communion : ouvriers, serviteurs, je vous appelle mes amis, vous tous qui prenez part à ce festin des retrouvailles !

6. Louange

Son Amour est si fort et son nom est si grand !

7. Prions

Avec Charles de Foucauld, demandons à Dieu de pouvoir nous mettre en sa Présence à tout moment, pour pouvoir prendre soin de nous-même, des autres et de la relation, à chaque instant de notre vie.

« Mon Dieu, daigne me donner le sentiment continuel de ta présence; de ta présence en moi et autour de moi et en même temps cet amour craintif qu’on éprouve en présence de ce qu’on aime passionnément et qui fait qu’on se tient devant la personne aimée sans pouvoir détacher d’elle les yeux, avec un grand désir et une volonté de faire tout ce qui lui plaît, tout ce qui est bon pour elle, et une grande crainte de faire, dire ou penser quelque chose qui lui déplaise ou lui fasse mal. Amen. »

Ainsi, nous pourrons avancer vers un monde réconcilié où « il fera bon Dieu ».

8. Notre Père

Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.

Amen.

9. Une chanson qui fait du bien !

À demain ! Prenez bien soin de vous !

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