Jour 47 – 13° jour de « Laudato Si »

Heureux celui qui espère, se refuse à être indifférent et s’engage

« Mais l’espérance, dit Dieu, voilà ce qui m’étonne. Moi-même. Ça c’est étonnant. Que ces pauvres enfants voient comme tout ça se passe et qu’ils croient que demain ça ira mieux. Qu’ils voient comme ça se passe aujourd’hui et qu’ils croient que ça ira mieux demain matin. Ça c’est étonnant et c’est bien la plus grande merveille de notre grâce. » (Charles Péguy)

1. Signe de croix

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

2. Silence

Je me laisse habiter par la présence de cet Autre, en qui j’ai mis mon espérance.

3. Prions avec l’église

Seigneur, accorde-moi cette Grâce : que rien ne puisse troubler ma paix en profondeur, mais que j’arrive à parler santé, joie, prospérité à chaque personne que je vais rencontrer, pour l’aider à découvrir les richesses qui sont en elle. 
Aide-moi surtout, Seigneur, à savoir regarder la face ensoleillée de chacun de ceux avec qui je vis.
Il m’est parfois si difficile, Seigneur, de dépasser les défauts qui m’irritent en eux, plutôt que de m’arrêter à leurs qualités vivantes, dont je jouis sans y prendre garde. 
Aide-moi aussi, Seigneur, à regarder ta Face ensoleillée, même en face des pires événements : il n’en est pas un qui ne puisse être source d’un bien qui m’est encore caché, surtout si je m’appuie sur Marie.
Ouvre mes yeux à l’invisible pour que rien n’arrive à ébranler l’optimisme de ceux qui croient en Toi et qui espèrent en l’Homme. Amen. (Prière de Sœur Emmanuelle)

L’espérance habite la terre !

4. Enracinements

N’en déplaise à Charles Péguy. Il parle d’une espérance dans laquelle je ne me reconnais pas trop. « Que ces pauvres enfants voient comme tout ça se passe et qu’ils croient que demain ça ira mieux. »

Espérez-vous comme Péguy ?

– chez Adrien Candiard, dominicain

Voici quelques mots d’Adrien Candiard, dominicain, dans son livre « Veilleurs, où en est la nuit ? » (un petit livre que je vous recommande):

« L’espérance est une vertu bien étrange si elle consiste effectivement à se dire que tout ira mieux demain… Affirmer que l’avenir, par nature, apportera des solutions est une profession de foi charmante, mais parfaitement gratuite. Si nous regardons dans notre passé tous les lendemains qui se sont succédés, force est de constater que rien n’est moins sûr… Combien d’espoirs brutalement douchés, combien de doux rêves ont fini en cauchemars ! Il serait plus rationnel d’être pessimiste. Au moins avec le pessimisme, on n’est jamais déçu. On ne peut avoir que de bonnes surprises. » (page 12)

– chez le prophète Jérémie

Lecture du livre du prophète Jérémie 1, 14-19

Le Seigneur me dit :
« Du nord, va déferler le malheur sur tous les habitants du pays. Voici, je convoque tous les clans des royaumes du nord – oracle du Seigneur. Ils arrivent, et chacun placera son trône à l’entrée des portes de Jérusalem, contre tous les remparts qui l’entourent et contre toutes les villes de Juda. Je vais prononcer sur eux mes jugements à cause de toute leur méchanceté, car ils m’ont abandonné, ils ont brûlé de l’encens pour d’autres dieux et se sont prosternés devant l’œuvre de leurs mains.
Toi, mets ta ceinture autour des reins et lève-toi, tu diras contre eux tout ce que je t’ordonnerai. Ne tremble pas devant eux, sinon c’est moi qui te ferai trembler devant eux. Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses princes, à ses prêtres et à tout le peuple du pays. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien faire contre toi, car je suis moi-même avec toi pour te délivrer oracle du Seigneur. »

– dans le psaume 90

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J’ai hésité … puis j’ai osé vous proposer d’écouter cette chanson qui évoque une rupture amoureuse, mais dans laquelle j’entends, en creux, quelque chose de l’espérance. « J’aurais aimé tenir ta main un peu plus longtemps » ; ça fait écho avec « ta main me conduit, ta droite me saisit ; Tu as posé sur moi ta main » ; écho aussi avec le texte de Jérémie que j’ai souligné en gras : « Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car le suis moi-même avec toi pour te délivrer »; écho avec le psaume 90 dans lequel je vous laisse vous poser :

Quand je me tiens sous l’abri du Très-Haut et repose à l’ombre du Puissant,
je dis au Seigneur : « Mon refuge, mon rempart, mon Dieu, dont je suis sûr ! »

C’est lui qui te sauve des filets du chasseur et de la peste maléfique;
il te couvre et te protège. Tu trouves sous son aile un refuge :
sa fidélité est une armure, un bouclier.
Tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole au grand jour,
ni la peste qui rôde dans le noir, ni le fléau qui frappe à midi.
Qu’il en tombe mille à tes côtés, qu’il en tombe dix mille à ta droite,
toi, tu restes hors d’atteinte.

Il suffit que tu ouvres les yeux, tu verras le salaire du méchant.

Oui, le Seigneur est ton refuge ; tu as fait du Très-Haut ta forteresse.
Le malheur ne pourra te toucher, ni le danger, approcher de ta demeure :
il donne mission à ses anges de te garder sur tous tes chemins.
Ils te porteront sur leurs mains pour que ton pied ne heurte les pierres ;
tu marcheras sur la vipère et le scorpion, tu écraseras le lion et le Dragon.
« Puisqu’il s’attache à moi, je le délivre; je le défends, car il connaît mon nom.
Il m’appelle, et moi, je lui réponds; je suis avec lui dans son épreuve. « Je veux le libérer, le glorifier; de longs jours, je veux le rassasier, et je ferai qu’il voie mon salut. »

Commentaires

Et puis, j’ai souligné le mot « aujourd’hui », parce qu’il fait résonance à Péguy qui, lui, parle de demain (ça ira mieux demain). « Aujourd’hui, je serai avec toi.» Dans nos difficultés actuelles, nous sommes brutalement dépouillés de nos fausses sécurités. Nous voilà donc acculés à espérer en Dieu, à nous intéresser à Lui, au salut qu’Il nous donne.

Je cite à nouveau Adrien Candiard : « Espérer, c’est quelque chose de très concret : C’est croire que Dieu nous rend capables de poser des actes éternels. Que, quand nous aimons, cet amour n’est pas seulement un beau sentiment dans une marée d’absurdité vouée à la mort, mais une fenêtre que nous ouvrons sur l’éternité. Car ces actes éternels, ces actes que nous pouvons faire et dont le fruit est éternel, ce sont bien sûr des actes d’amour, les seuls qui comptent. Ce sont eux qui construisent, dans notre monde déjà, l’éternité, le Royaume de Dieu. » Dieu ne nous promet pas que « ça ira mieux demain, Il « est avec nous » et donne à nos actes d’amour, une portée d’éternité. Là où parfois, nous pouvons penser que « ça ne change rien », que « c’est pas ça qui va changer le monde », l’espérance chrétienne c’est de croire que, dans l’acte d’amour que je pose, le Royaume de Dieu, l’éternité s’incarne dans l’histoire, que « le monde est vaincu », selon la parole du Christ. Le monde est vaincu, là, aujourd’hui, dans l’acte que je pose. Espérer, c’est donc vivre en préférant ce qui est éternel. Si l’on choisissait ce qui est éternel, « on découvrirait que préparer un gâteau pour une voisine isolée, à qui cela fera plaisir, construit bien plus l’éternité que son poids de farine ne pourrait le laisser croire », et si la personne qui fait le gâteau vit du Christ, alors en pétrissant la pâte, elle « pétrit son espérance ». L’espérance chrétienne m’invite à transformer les événements en occasion d’aimer, ici, maintenant, aujourd’hui, en tenant la main de Dieu. Et si « ça ne va pas mieux demain », je continuerai d’espérer en transformant ce qui arrive en occasion d’aimer. Finalement « J’aurais voulu tenir ta main un peu plus longtemps, pourrait être une belle prière chrétienne … si elle me tourne vers le Dieu qui, en Christ, nous a promis : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps. »

Alors si je reprends l’écobéatitude : « HEUREUX CELUI QUI ESPÈRE, SE REFUSE à ÊTRE INDIFFÉRENT ET S’ENGAGE », j’ai compris que l’espérance est engagement, que l’espérance me tourne vers l’aujourd’hui, qu’elle interdit l’indifférence. L’espérance chrétienne ne permet pas d’attendre que ça aille mieux demain, elle donne un poids d’éternité à nos engagements d’amour aujourd’hui.

L’indifférence, elle te tue à petits coups, tu es l’agneau, elle est le loup.

– dans l’Évangile

Évangile selon saint Matthieu, au chapitre 25

31 « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli; j’étais nu, et vous m’avez habillé; j’étais malade, et vous m’avez visité; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !”

37 Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… 

40 Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”»

L’espérance chrétienne tient dans cette dernière phrase : « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »

5. Prions encore

  • Continuons la prière avec Sœur Emmanuelle

Aide-moi aussi, Seigneur, à regarder ta Face ensoleillée, même en face des pires événements : il n’en est pas un qui ne puisse être source d’un bien qui m’est encore caché, surtout si je m’appuie sur Marie.

Accorde-moi, Seigneur, la Grâce de ne travailler que pour le bien, le beau et le vrai, de chercher sans me lasser, dans chaque homme, l’étincelle que Tu y as déposée en le créant à ton image.
Accorde-moi encore d’avoir autant d’enthousiasme pour le succès des autres que pour le mien,
et de faire un tel effort pour me réformer moi-même que je n’aie pas le temps de critiquer les autres.

Je voudrais aussi, Seigneur, que tu me donnes la Sagesse de ne me rappeler les erreurs du passé que pour me hâter vers un avenir meilleur.

Donne-moi, à toute heure de ce jour, d’offrir un visage joyeux et un sourire d’ami à chaque homme, ton fils et mon frère. 

Donne-moi un cœur trop large pour ruminer mes peines, trop noble pour garder rancune, trop fort pour trembler, trop ouvert pour le refermer sur qui que ce soit.

Seigneur, mon Dieu, je Te demande ces Grâces pour tous les hommes qui luttent aujourd’hui comme moi, afin que diminue la haine et que croisse l’Amour, car depuis ta Résurrection, la haine et la mort ont été vaincues par l’Amour et la Vie.

  • Chantons avec Marie
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6. Notre Père

Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.

Amen.

7. Envoi

Imposante façade. Vous connaissez !

À l’endroit que j’ai cerclé en jaune, vous savez qu’il manque une pierre. L’édifice n’est pas fini.

L’espérance n’est pas d’attendre que demain quelqu’un ou Quelqu’Un l’ait mise.

L’espérance chrétienne, c’est d’apporter sa pierre, humble, petite, en rendant grâce que ce geste me fait participant de l’édifice. Ma pierre prend alors tout son sens parce qu’elle s’intègre dans un Tout, parce qu’elle m’intègre dans un Corps.

Ainsi tout acte d’amour m’intègre dans le Corps du Christ qui, Lui, construit l’édifice.

À demain !

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