Jour 53 – 5° dimanche de Pâques

Le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres.

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Accueil par l’abbé Vannesson

5° dimanche que nous fêtons Pâques en confinement. « Pâques en confinement », vous saisissez le paradoxe ! Bonjour à vous toutes et tous qui nous faites la joie de nous suivre depuis 53 jours. L’Eucharistie communautaire nous manque. Le « être ensemble » nous manque. Certaines impatiences se sont manifestées ces temps derniers, dans des termes qui n’ont pas toujours été très heureux. Des propos ont tenté de réveiller un climat de revendications « catholiques contre un état laïc qui nous priverait volontairement (on n’ose pas le dire franchement, mais il en est qui le suggèrent fortement) de nos messes ». Le monde serait Satan; nous serions persécutés; il nous faudrait nous défendre ! Oui, l’Apocalypse (que nous avons lue vendredi) et son dragon évoque ce combat contre les forces du mal … sauf que les forces du mal ne sont pas que chez les autres et que les œuvres du Père ne peuvent jamais pactiser avec ce qui conduit à la division (nous contre eux) et au sectarisme (de la défense de NOS intérêts). Continuons à célébrer le « passage », celui du Christ qui traverse la mort, celui de « la pierre rejetée par les bâtisseurs » qui devient « la pierre d’angle », passage de la tension à la résolution dans la 1° lecture, passage de nos communautés à la « construction d’une demeure spirituelle dans la 2° lecture ; tous ces passages, selon l’Évangile, nous conduisent au Père. « Moi, je suis le chemin, la vérité et la vie ; personne ne va vers le Père sans passer par Moi ».

Un début de dé-confinement va nous faire passer, demain, vers des contraintes assouplies. N’en oublions pas que le virus est toujours là ; qu’il est dangereux pour certains d’entre nous et que cette préoccupation ne doit pas cesser de guider nos comportements. Nous avons prié pendant une quinzaine de jours en nous laissant guider par Laudato Si, la « maison commune », le « Tout est lié ». Les temps que nous vivons en sont la démonstration (par l’absurde si j’ose dire). Les textes de ce dimanche vont encore « rebattre le fer pendant qu’il est chaud ». Les lectures de ce dimanche sont tellement fortes et nourrissantes que je vous les ai gardées toutes les trois !

1. Signe de croix

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

2. Silence

(se re-cueillir : se cueillir à nouveau – rassembler chaque parcelles de moi-même (intelligence, volonté, imagination, corps) pour en faire un bouquet, c’est-à-dire pour les unir dans l’unique but de les tourner vers Dieu. Le silence peut m’y conduire.)

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3. Prions avec l’Église

Dieu, qui as envoyé ton Fils pour nous sauver et pour faire de nous tes enfants d’adoption, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut regarde avec bonté ceux que Tu aimes comme un père; Tu nous as appelés des ténèbres à ton admirable lumière pour que nous participions à tes œuvres pour ta gloire et le salut du monde ; puisque nous croyons au Christ, accorde-nous la vraie liberté et la vie éternelle. Par Jésus Christ, ton Fils, notre Seigneur, pour les siècles des siècles. – Amen.

4. Gloire à Dieu !

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5. Liturgie de la Parole

– Lecture du livre des Actes des Apôtres (6, 1-7)

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En ces jours-là, comme le nombre des disciples augmentait, les frères de langue grecque récriminèrent contre ceux de langue hébraïque, parce que les veuves de leur groupe étaient désavantagées dans le service quotidien. Les Douze convoquèrent alors l’ensemble des disciples et leur dirent : « Il n’est pas bon que nous délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables. Cherchez plutôt, frères, sept d’entre vous, des hommes qui soient estimés de tous, remplis d’Esprit Saint et de sagesse, et nous les établirons dans cette charge. En ce qui nous concerne, nous resterons assidus à la prière et au service de la Parole. » Ces propos plurent à tout le monde, et l’on choisit : Étienne, homme rempli de foi et d’Esprit Saint, Philippe, Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, un converti au judaïsme, originaire d’Antioche. On les présenta aux Apôtres, et après avoir prié, ils leur imposèrent les mains. La parole de Dieu était féconde, le nombre des disciples se multipliait fortement à Jérusalem, et une grande foule de prêtres juifs parvenaient à l’obéissance de la foi.

– Parole du Seigneur. Nous rendons grâces à Dieu !

Commentaire

Les dissensions, querelles, injustices au cœur de la toute jeune communauté chrétienne ne font pas scandale. Tout cela est dans la norme d’un vivre ensemble. Ce qui est intéressant, c’est la résolution des conflits :
1° C’est l’affaire de tous et pas seulement de quelques responsables – Certainement dommage que cette pratique se soit perdue.
2° Rappel des trois points forts qui guident la vie de la communauté : la prière, service de la Parole et service des frères.
3° recherche de solution … en ne craignant pas des nouveautés dans l’organisation pourvu qu’elles servent l’objectif que veulent servir ces points forts. Quel objectif ? Remarquons que la communauté est faite de gens très différents avec un problème de langues différentes, de coutumes différentes. Le choix aurait pu être de scinder la communauté selon les ressemblances … mais ce choix n’a pas été fait, n’a même pas été évoqué. La seconde lecture va nous dire pourquoi.

– Lecture de la première lettre de saint Pierre apôtre (2, 4-9)

Bien-aimés, approchez-vous du Seigneur Jésus : il est la pierre vivante rejetée par les hommes, mais choisie et précieuse devant Dieu. Vous aussi, comme pierres vivantes, entrez dans la construction de la demeure spirituelle, pour devenir le sacerdoce saint et présenter des sacrifices spirituels, agréables à Dieu, par Jésus Christ. En effet, il y a ceci dans l’Écriture : Je vais poser en Sion une pierre angulaire, une pierre choisie, précieuse; celui qui met en elle sa foi ne saurait connaître la honte. Ainsi donc, honneur à vous les croyants, mais, pour ceux qui refusent de croire, il est écrit : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle, une pierre d’achoppement, un rocher sur lequel on trébuche. Ils achoppent, ceux qui refusent d’obéir à la Parole, et c’est bien ce qui devait leur arriver. Mais vous, vous êtes une descendance choisie, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple destiné au salut, pour que vous annonciez les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière.

– Parole du Seigneur. Nous rendons grâces à Dieu !

Commentaire

La jeune communauté chrétienne n’a pas choisi de se scinder selon les ressemblances parce qu’elle doit porter le signe de la « construction d’une demeure spirituelle » fondée sur la pierre d’angle que Dieu a choisie afin de devenir « sacerdoce saint », c’est-à-dire d’offrir, avec, par et dans le Christ le sacrifice de l’amour. La communauté chrétienne ne se rassemble pas d’abord autour de ressemblances (ou d’« atomes crochus »), autour d’un affectif qui nivelle les difficultés (on aime bien être ensemble, on sent une communion). Ce qui rassemble la communauté chrétienne, c’est le Christ dans son mystère pascal pour la gloire de Dieu et le salut du monde. L’Église n’existe que « pour annoncer les merveilles de Celui qui nous a fait passer des ténèbres à son admirable lumière.

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Et enfin, l’Évangile nous conduit au cœur du Père. Ce cœur d’amour trinitaire qui bat pour le salut du monde. Le chrétien ne cherche pas à sauver l’Église, mais à participer au salut du monde.

– Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (14, 1-12)

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En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Que votre cœur ne soit pas bouleversé : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures ; sinon, vous aurais-je dit : “Je pars vous préparer une place” ? Quand je serai parti vous préparer une place, je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi. Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie ; personne ne va vers le Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. » Philippe lui dit : « Seigneur, montre-nous le Père ; cela nous suffit. » Jésus lui répond : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! Celui qui m’a vu a vu le Père. Comment peux-tu dire : “Montre-nous le Père” ? Tu ne crois donc pas que je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres. Croyez-moi : je suis dans le Père, et le Père est en moi ; si vous ne me croyez pas, croyez du moins à cause des œuvres elles-mêmes. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi fera les œuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père. »

Acclamons la Parole de Dieu ! –Louange à Toi, Seigneur Jésus !

Commentaire

La gloire de Dieu et le salut du monde ne sont pas deux réalités indépendantes. La gloire de Dieu, c’est le salut du monde et le salut du monde c’est d’entrer dans le mystère pascal, d’être travaillé par les forces de l’amour de l’Esprit répandu dans nos cœurs.

5. Prière universelle

« Que votre cœur ne soit pas bouleversé », nous dit Jésus. Confions à Dieu son Père et notre Père, toutes les intentions que nous portons en nos cœurs.

Par Jésus Christ ressuscité, exauce-nous, Seigneur !

L’événement de la 1° lecture a donné naissance aux diacres. Prions pour les diacres de notre diocèse, appelés à être fidèles au service de la Parole et des pauvres ; pour leurs familles, les soutenant dans cette stimulante mission pour toute l’Église, avec le pape François, prions le Seigneur.

Pour les chefs d’État, les ministres, pour les députés et les maires, pour leurs collaborateurs œuvrant dans l’ombre, à leurs côtés. Pour les personnes qui doivent prendre des décisions dans le contexte d’aujourd’hui et qui doivent encaisser les critiques pas toujours sans arrière-pensées. Prions le Seigneur.

Pour les hommes et les femmes qui vivent le confinement dans des conditions difficiles ; Pour celles et ceux qui craignent plus leurs conditions d’existence que le virus ; Pour les personnes qui ont fait le choix de rester à leur côté comme « des pierres vivantes » sur le chemin de la vie, dans l’espérance et la confiance, prions le Seigneur.

Pour les enfants et les jeunes de notre communauté dont on a dû repousser le baptême, la première communion, la profession de foi. Pour les catéchistes qui ont fait leur possible pour que le lien ne se rompe pas. Prions le Seigneur.

Pour nos communautés paroissiales, pour notre communauté de priants, afin qu’elles continuent, pour la gloire de Dieu et le salut du monde, à mettre leur espérance dans le Christ, Chemin, Vérité et Vie. Prions le Seigneur.

6. Notre Père

Notre Père, qui es aux cieux,
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous laisse pas entrer en tentation
mais délivre-nous du Mal.

Amen.

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Si vous voulez poursuivre votre méditation, voici :

HOMÉLIE DE SAINT MAXIME DE TURIN – POUR LA PÂQUE – Le jour qui n’a pas de nuit

Par la résurrection du Christ, les enfers s’ouvrent, par les nouveaux membres de l’Église, la terre est renouvelée, et le ciel est ouvert par le Saint-Esprit. Car les enfers en s’ouvrant laissent sortir les morts, la terre renouvelée fait germer ceux qui ressuscitent, le ciel ouvert accueille ceux qui y montent. Enfin le malfaiteur monte au paradis, les corps des saints entrent dans la Cité sainte, les morts reviennent à la vie; à la résurrection du Christ, tous les éléments sont comme transfigurés.

Car la résurrection du Christ est vie pour les morts, pardon pour les pécheurs, gloire pour les saints. Le saint Prophète invite toutes les créatures à fêter la résurrection du Christ, car il dit qu’il faut exulter et se réjouir en ce jour que le Seigneur a fait. La lumière du Christ est un jour qui n’a pas de nuit, un jour qui n’a pas de fin. Que le Christ soit lui-même ce jour, l’Apôtre nous le dit : la nuit est partie, le jour est arrivé. La nuit est partie, dit-il, donc elle ne viendra plus ; comprenez-le : lorsque survient la lumière du Christ, elle dissipe les ténèbres du démon, et elle n’est pas suivie par la nuit du péché; elle chasse par sa splendeur permanente l’obscurité présente, elle arrête la progression sournoise du péché.

C’est le Fils en personne qui est le jour, car le Père, qui est aussi le jour, lui dévoile son mystère. C’est pour toujours que la lumière céleste resplendit, éclaire et brille, et aucune obscurité ne peut l’emprisonner. De même, c’est pour toujours que la lumière du Christ étincelle, rayonne, illumine, et ne peut être arrêtée par aucune obscurité des péchés, ce qui fait dire à saint Jean : La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. Donc, mes frères, nous devons tous exulter en ce saint jour.

Que personne ne se soustraie à la joie commune parce qu’il a conscience de ses péchés, que personne ne soit écarté des prières communes par le fardeau de ses fautes ! En un tel jour, même le pécheur ne doit pas désespérer du pardon; c’est en effet un grand privilège. Si un malfaiteur a obtenu le paradis, pourquoi le chrétien n’obtiendrait-il pas le pardon ?

(Pour découvrir Saint Maxime de Turin, cliquer ici.)

Commentaire

La résurrection du Christ est pour tous et pour toujours. Elle ne se pose pas contre tel groupe ou à l’exception de telle catégorie. La résurrection ne l’emporte sur personne. Dieu ne dit pas : « finalement, j’avais raison ». La résurrection, c’est l’Amour du Père qui s’attache à réunir tous ses enfants !

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À demain !

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